Ce chapitre couvre les sujets
1. Introduction sur la mobilisation
2. Mobilisation au niveau communal
3. Mobilisaton et sélection ménages
4. Mobilisation et sélection artisans et artisanes
> Projet de reconstruction – aide mémoire – mobilisation
1. Introduction sur la mobilisation
La mobilisation des acteurs est primordiale pour éviter des problèmes dans le cadre d’un projet de reconstruction. Sa durée est souvent sous-estimée. Elle peut s’étendre sur trois à quatre mois entre les premiers contacts avec la mairie et le démarrage de la construction. La mobilisation se déroule à plusieurs niveaux et implique la participation de divers acteurs.
Après avoir communiqué le projet au niveau national et départemental et obtenu l’autorisation de l’Unité de construction de logements et de bâtiments publics (UCLBP), les activités de lancement se déroulent principalement au niveau communal. Tout au long de la période de construction, il reste essentiel d’impliquer les autorités locales, le comité de pilotage et les ménages ciblés selon les principes d’une approche participative et d’une gestion de projet sensible au contexte (en anglais « Conflict Sensitive Projet Management » (CSPM)).
Les principaux acteurs au niveau national sont l’UCLBP, dans son rôle de coordinateur, le ministère des Travaux publics, Transports et Communications (MTPTC) et le Shelter Cluster.
Les principaux acteurs au niveau départemental sont le ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales (MICT), le MTPTC, l’Office régionale de l’eau potable et de l’assainissement (OREPA), et les autres acteurs actifs dans le domaine de la reconstruction.
Les principaux acteurs au niveau communal sont le maire ou la mairesse, les ingénieurs municipaux, les techniciens en eau potable et en assainissement pour les communes (TEPAC).
Les principaux acteurs au niveau de la section communale sont le Conseil d’administration de la section communale (CASEC), l’Assemblée de la section communale (ASEC), les artisans, les fournisseurs, le comité de pilotage, les propriétaires des maisons.
>Acronymes
Afin d’initier les activités, la première étape consiste à effectuer une analyse des acteurs au niveau de la zone d’intervention. Cette analyse permettra de constituer le comité de pilotage dont le rôle est de faciliter la réalisation d’un projet de reconstruction.
Une analyse des risques liés aux dangers naturels permettra de déterminer la zone d’intervention. Cette analyse classifiera les zones selon un code couleur : rouge (construction interdite), jaune (construction autorisée sous certaines réserves) et verte (construction autorisée sans réserve majeure).
Les artisans locaux (charpentiers / maçons) sont les principaux partenaires de mise en œuvre de la construction. Ils et elles ont pour charge de garantir la qualité en appliquant les bonnes pratiques de construction. Ils et elles doivent être minutieusement sélectionné.e.s pour intégrer les équipes. Le processus de sélection comprend un examen et un entretien. Une fois les équipes composées, les artisans et artisanes sont formé.e.s sur l’approche TCLA et le déroulement du projet.
2. Mobilisation au niveau communale
2.1.Réunion d’introduction avec la mairie
Chaque projet au niveau d’une commune est présenté au maire ou à la mairesse lors d’une réunion d’introduction. Idéalement, lors de cette réunion les maires adjoints, l’ingénieur municipal, le CASEC et les TEPAC sont présents. Les besoins au niveau de la commune sont évalués et des échanges au sujet des zones d’intervention sont entrepris. Suite à la définition de la zone d’intervention, une lettre d’intention est signée entre le maire ou la mairesse et l’organisation de mise en œuvre.
2.2. Analyse des risques
Au niveau de chaque commune, une analyse des risques liés aux aléas naturels est effectuée par des spécialistes en gestion des risques de catastrophe. Cette analyse permet de classer les zones selon un code couleur puis de sélectionner la zone d’intervention. Une zone est considérée rouge lorsque les constructions sont exposées à un ou plusieurs risque(s). Une zone est considérée jaune lorsqu’il convient de déterminer et d’adopter des mesures pour atténuer les aléas éventuels. Une zone est considérée verte lorsqu’il est possible de construire sans appliquer de mesures importantes.
2.3. Choix de la zone d’intervention
La zone d’intervention est choisie en fonction des résultats obtenus de l’évaluation des besoins et de l’analyse des aléas. Les premières visites de terrain au niveau de la section communale sont effectuées sous la supervision du CASEC. Lors de ces visites les besoins sont évalués, les exigences logistiques analysées et les principaux acteurs identifiés.
2.4. Présentation du projet dans la zone d’intervention
L’organisation d’une première réunion au niveau de la section communautaire permet de partager des informations générales au sujet du déroulement du projet. Les critères de sélection des ménages ainsi que leurs droits et obligations sont expliqués. Les ingénieurs en charge d’encadrer le processus de construction des maisons et de dispenser les formations aux ménages et aux artisans et artisanes sont également présentés lors de cette première réunion.
Remarque : Normalement un projet de reconstruction attire un grand intérêt dans la zone d’intervention. Une communication transparente et claire est la clé principale de cette première rencontre avec la communauté de la section. Il faut prévoir suffisamment de temps pour cette réunion, car il y a généralement beaucoup de questions à aborder.
2.5. Constitution du comité de pilotage
Les membres du comité de pilotage sont issus de différents groupes et secteurs de la communauté (éducation, santé, religion (vaudou, catholique, évangélique), femmes, honorables). Ils et elles sont élu.e.s sous la supervision du CASEC et travaillent sur une base volontaire. Lors de la constitution du comité, le projet ainsi que le rôle du comité sont présentés. Des informations pratiques sont fournies au sujet de de la mise en œuvre du projet, des critères de sélection des ménages ainsi que de leurs responsabilités.
Par ailleurs, un diagnostic du réseau communautaire est effectué avec le comité afin d’obtenir une connaissance approfondie du contexte, des dynamiques sociales et des acteurs importants.
3. Mobilisation & Sélection des ménages
3.1. Critères de sélection
Les critères de sélection dépendent toujours du contexte. Ils sont basés sur le principe de sélection des ménages les plus vulnérables et les plus affectées par la catastrophe. Trois aspects sont pris en compte : 1) les critères de sélection, 2) les critères d’inclusion et 3) les conditions préalables auxquelles les ménages doivent répondre.
Dans le cadre d’un projet de construction de maisons basé sur une approche participative, les membres de la famille élargie doivent être en mesure de s’impliquer dans le processus de construction de la maison. Dans le cas contraire, il revient à la communauté de s’organiser pour soutenir la famille sélectionnée. C’est notamment le cas des personnes âgées qui n’ont pas de proches.
Les critères sont définis au début du projet. Leur application doit être coordonnée avec d’autres organisations actives dans la zone et consolidée par les autorités.
Remarque: Les critères ne devraient pas être modifiés pendant la durée du projet. Ils doivent être consolidés et communiqués en toute transparence.
>Critères de séléction en français (Exemple)
>Critères de séléction en créole (Exemple)
3.2. Liste de présélection
Avant d’aboutir à une liste définitive, une liste de présélection des ménages est établie par le comité de pilotage et le CASEC. Elle est effectuée en tenant compte des critères de sélection et des informations contenues au niveau de l’étude de risques. Le nombre de ménages présélectionnées représente généralement le double voire le triple du nombre de ménages ciblées. Cette liste doit garantir un équilibre entre les sections communales.
Une enquête avec des questions qui reflètent les critères de sélection est organisée auprès des ménages présélectionnées.
3.3. Enquête sur la plateforme KOBO
Les ménages présélectionnés sont visités et interrogéspar des équipes mixtes constituées d’ingénieurs de terrain et de membres du comité. Pour remplir le questionnaire, une plateforme de collecte de données telle que KOBO est utilisée. Lors de la visite de terrain, les coordonnées GPS sont relevées et des photos de l’emplacement de la maison prises.
>Enquête familles à traversl’outil KOBO
>Vers le site internet KOBO
3.4. Analyse des données issues de l’enquête KOBO et de la liste des familles sélectionnées
Les données collectées dans le cadre de l’enquête sont évaluées. La liste des ménages sélectionnées est établie. Cette liste est consolidée avec le comité de pilotage. Elle est affichée de manière visible à des endroits fréquentés tels que les rues principales, la mairie, etc. Elle est accompagnée d’une boîte de doléances.
Les données sont systématiquement évaluées jusqu’à l’élaboration d’une deuxième liste avec environ 95% des ménages définitivement sélectionnées au niveau de la section communale. Cela permet de disposer d’une marge de manœuvre pour ajouter d’autres ménages après la période de réception des doléances. Cette nouvelle liste est consolidée avec le comité de pilotage et affichée de manière visible à des endroits fréquentés tels qu les rues principales, la mairie, etc. Elle est également accompagnée d’une boîte de doléances.
3.5. Période de réception des doléances
La phase de réception des doléances dure deux semaines. Chaque membre de la communauté peut déposer une plainte de manière officielle au sujet de l’inclusion ou de l’exclusion d’un ménage. Ces plaintes sont traitées au cas par cas. Une réunion avec le comité de pilotage puis une visite des ménages concernées sont organisées.
Remarque : La possibilité de déposer une plainte en faveur ou contre la sélection d’une famille est un mécanisme important dans le cadre d’un projet de construction de maisons. Cette procédure exige un maximum de transparence et de redevabilité des autorités vis-à-vis des membres de la communauté. Elle garantit la cohésion sociale et permet de ne pas porter préjudice aux communautés (en anglais Do No Harm). En application du principe selon lequel il ne faut laisser personne derrière (en anglais Leave no one behind (LNOB), ce mécanisme vise à empêcher l’exclusion des groupes et/ou des individus marginalisés et vulnérables.
3.6. Liste finale
Suite à l’évaluation des doléances reçues, la liste finale est élaborée. Il est tout à fait possible que l’on soit obligé d’ajouter d’autres ménages. La liste finale comporte l’intégralité des familles destinées à bénéficier de la construction d’une maison dans la section communale.
Dans un scénario idéal, les localités sont représentées de manière juste sachant que les localités sont différentes en termes de taille et de population. La liste finale est signée par le maire ou la mairesse et affichée publiquement.
Remarque : L’expérience montre qu’après l’évaluation des cas de doléances environ 5% des familles sont éligibles. Cela signifie qu’il faut inclure une marge de manœuvre au niveau du nombre total de maisons qui seront construites ou reconstruites.
3.7. Mobilisation des ménages
Les familles sélectionnées sont informées par le comité de pilotage puis invitées à participer au premier module de formation.
>Formation de l’approche TCLA pour les familles
>Aide mémoire “Mobilisation et formation des familles”
4. Mobilisation et sélection des artisans et des artisanes
4.1.Réunion avec les artisans et artisanes de la zone
Sous la supervision du CASEC et du comité de pilotage, les maçons et charpentiers de la section communale sont convoqués à une première réunion.
Lors de cette réunion, le projet, l’approche TCLA ainsi que les critères de sélection des artisans et artisanes sont présentés. Des informations précises sont également fournies au sujet du rôle des familles sur le chantier, de la supervision par les ingénieurs et du paiement des artisans et artisanes.
4.2. Evaluation des artisans et artisanes
Lors une deuxième réunion, une évaluation écrite et orale permet de sélectionner 10 maçons et 10 charpentiers. A noter que le nombre d’équipes à mettre sur pied dépend du nombre de maisons à construire et/ou reconstruire ainsi que de la durée du projet. Une attention particulière est portée à la promotion et l’intégration des femmes dans les métiers artisanaux. Les artisans et artisanes sélectionné.e.s sont invité.e.s à prendre part à une formation théorique et pratique portant sur l’approche TCLA dans le cadre d’un chantier école.
>Module formation des artisans et artisanes (Chantier école)
4.3. Chantier école
Au niveau de chaque section communale, la première maison construite dans le cadre du projet sert de chantier école pour les artisans et les artisanes. Le site choisi doit être accessible pour les artisans et artisanes des différentes localités. Une famille est identifiée avec le support du comité de pilotage. Elle est sélectionnée selon son caractère d’extrême vulnérabilité. C’est-à-dire qu’elle dispose de peu de moyens pour contribuer à la construction de sa maison. La famille donne son accord pour accueillir la formation. La famille, dans la mesure du possible et avec l’aide de la communauté, prépare le terrain et collecte les matériaux disponibles localement pour la construction. Les familles se mettent souvent à disposition pour préparer les repas pour les artisans et artisanes qui participent au chantier école. Cela leur permet entre autres de générer un revenu.
>Module formation des artisans et des artisanes (Chantier école)
>Aide mémoire mobilisation des artisans et des artisanes